Un ringard attachant
Tony Vairelles, c’est une coupe mulet sortie
tout droit d’un clip des années 1980 ; long derrière ; court devant. Celle
là même qu’arborait Bowie, Chris Waddle, ou Mc Gyver en d’autres temps. Sa
mulette à lui est blonde. Un blond guerrier pour une gueule de viking aux yeux
sombres. La crinière, le blouson en cuir, le jeu, la mentalité; tout chez lui
semble évoquer le passé. Pas les jours d’antan qu’on évoque avec le sourire moqueur
d’un modernisme effréné. Ceux que le regret habille avec des brins de nostalgie
et qu’on revit au coin du feu lorsque les années sont passées. Tony Vairelles, c’est
le ringard attachant.
Né à Nancy, il débute sa carrière sous le
maillot de l’ASNL à seulement 18 ans.
Déjà, le jeu est enthousiaste ; déjà, le cheveu est rebelle. Après quatre
saisons et 39 buts, le président Gervais Martel le fait signer chez les Sang et
Or pour hisser le club lensois vers les sommets. Pendant quatre saisons, Tony
le gitan marque de son empreinte l’histoire du club lensois. Sa combativité et
sa technique régale Felix Bollaert et offre à ses supporters le titre de
champion de France lors de la saison 1998-1999. C’est que l’attaquant ne manque
ni de panache ni de flair. Ce Cyrano là se démarque par une coupe de cheveux
plutôt qu’un nez, n’en déplaise à Monsieur Rostand. Le Chtit d’adoption rejoint
Lyon l’année suivante ; début d’une implacable chute.
Début
de la chute.
La première chute est capillaire. Quelques
coups de ciseaux pour un visage nouveau. Tony laisse sa mulette au vestiaire.
Plus qu’un abandon, un reniement. Erreur grandiose ! Sans coupe mullet,
point de talent. A Lyon, Tony ne convainc pas. Prêté ici ou là, les saisons se
suivent et se ressemblent. Bordeaux, Bastia, Lyon, Lens, Rennes ;
plusieurs clubs et peu de buts. Bien sûr, il reste quelques moments de génie qui
feront dire au roi Pelé : « Vairelles,
une pichenette imparable et une coupe de cheveux inimitable ». Après
plusieurs années d’errement, l’ancien lensois renait au club luxembourgeois du
F91 Dudelange. Puis en 2009, il monte un projet de reprise du FC Gueugnon,
alors en National. Après avoir mouillé le maillot, l’homme trempe dans les
affaires.
Le clan
Vairelles
Le foot est une affaire de famille chez les
Vairelles. Ses premiers buts, Tony les marque dans la cité HLM
d’Essey-lès-Nancy, puis à Seichamps, avec ses frères et son père, Guy.
Lorsqu’il signe au RC Lens en 1995, il
découvre, au revers de la médaille, la solitude. Loin de sa famille, Tony est
comme loin de tout. Alors, il demande à ses parents et à ses frères de le
rejoindre dans le nord de la France l’année suivante. « Je n’ai pas
forcé mes parents à me rejoindre. Ils ne vivent pas à mes crochets. Simplement,
j’ai besoin d’eux pour mon équilibre. On verra quand il sera temps de faire ma
propre vie » explique-t-il alors.
Lors du rachat du FC Gueugnon en 2009, Tony
Vairelles place sa famille comme on avance ses pions. « Les gens vont dire que je suis un gitan et que je ne peux rien
faire sans eux, mais je m'en fous," explique-t-il dans L'Equipe.
Deux de ses frères et un cousin dans l’effectif, son ainé dans le conseil
d’administration, et son père à la présidence du club. Finalement, l’aventure
familiale devient fiasco. Le club tombe en liquidation judiciaire et est
relégué en Division d’Honneur. Premier couac de la carrière d’un joueur loué
pour sa droiture et son abnégation.
De cet attachement sacré pour son clan découlera
cette sombre affaire de fusillade ; reléguant le nom de Tony Vairelles des
pages sportives aux faits divers, et le joueur, de la pelouse à la prison.
TLG.
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